News3. April 2025 Cineman Redaktion 3u4gj
Critique de «Lire Lolita à Téhéran», la littérature contre l’obscurantisme 254lh

En 1979, Azar et son mari Bijan quittent les États-Unis pour revenir au bercail, à Téhéran. Doctorat de littérature en poche, la jeune femme rentre enseigner dans son pays. Peu après son retour, ses horizons se voient brutalement voilés avec l’arrivée de la révolution iranienne. Étouffée dans son travail, sa famille et son quotidien par les règles rigides du nouveau régime en place, Azar refuse de se laisser abattre. Loin de renoncer aux lectures de textes devenus interdits, elle organise la résistance. Adapté d’un livre relatant la vie de la vraie Azar Nafisi, le récit porte une formidable histoire de résilience, de solidarité et d’espoir.
Dans l’avion, la voix du capitaine rappelle qu’introduire de l’alcool en Iran est interdit. Lors du contrôle des bagages, la tension monte entre le regard accusateur du douanier qui se pose sur la couverture de Lolita, livre qui fit scandale à sa sortie en 1955, et les explications pleines de bonne foi, presque naïves d’Azar (Golshifteh Farahan). Prélude à la révolution qui éclatera peu après, ces sombres nuages semblent encore invisibles aux yeux du jeune couple, tout au bonheur de sa nouvelle vie. Après la chute du Shah, l’arrivée de l’ayatollah Khomeini au pouvoir avait réduit les libertés individuelles comme peau de chagrin. La tête couverte de noir, les femmes n’ont qu’un droit: celui de se fondre dans la masse. Toute voix dissidente est immédiatement réduite au silence. Les livres n’y font pas exception: sur des images d’archives, des piles d’ouvrages sont brûlées.
D’un côté, une masse humaine aux visages quasiment indiscernables qui humilient brutalement leurs semblables: c’est celui des petites mains de la police des mœurs, femmes qui œuvrent, aux côtés des fanatiques en uniforme, au respect des règles vestimentaires et de «décence» des citoyennes. De l’autre, l’appétit d’égalité et de connaissance insatiable d’Azar et de ses six étudiantes clandestines brille comme l’espérance d’un monde plus égalitaire et le refus de baisser les bras devant la fatalité. Le choix des lectures n’a rien d’un hasard: tout comme les héroïnes de F. Scott Fitzgerald, Vladimir Nabokov, Henry James ou Jane Austen, Azar et ses consœurs sont des femmes opprimées par une société dans laquelle elles n’ont pas leur mot à dire.
14e long métrage de l’Israélien Eran Riklis, «Lire Lolita à Téhéran» est le roman d’une vie formidable, d’une lutte lumineuse contre l’obscurantisme. Portée par un excellent casting entièrement composé d’Iraniens et Iraniennes en exil, l’histoire d’Azar Nafisi résonne avec celle de Golshifteh Farahani, actrice principale, obligée de fuir sous les menaces du gouvernement de son pays, notamment suite à son rôle dans «Fahrenheit 451», chargées de brûler les livres interdits, n’être que des personnages de fiction, pourtant, même aujourd’hui, des livres comme «1984» ou «Les Aventures de Huckleberry Finn» sont censurés dans plusieurs états des États-Unis. Parfois, la lecture représente un acte de rébellion courageux, la conviction que le savoir contribuera à éclairer les ténèbres. Ne l’oublions pas!
Au cinéma depuis le 2 avril.
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