Review2. Mai 2025 Vanessa Votta 3vt4s
«Blue Sun Palace», un portrait silencieux de la solitude et de la migration 611z73

«Blue Sun Palace» est un film profondément émouvant qui retrace, avec pudeur, mais intensité, le parcours de deux migrantes chinoises à New York. À travers leur histoire, il explore ce que signifie rebâtir une existence loin de sa terre natale, au cœur de l’incertitude, du deuil et de l’espoir.
Didi (Haipeng Xu) et Amy (Ke-Xi Wu) travaillent dans un salon de massage du Queens, à New York. Elles y partagent bien plus que leur quotidien professionnel: un logement, des confidences et des rêves communs – comme celui d’ouvrir un jour leur propre restaurant. Au fil du temps, une relation quasi familiale se tisse entre elles, jusqu’au jour où un événement tragique vient brutalement les séparer.
«Blue Sun Palace» aborde la solitude, la dépression et le traumatisme avec une délicatesse telle que le public se sent, presque à son insu, intimement lié aux personnages. L’intrigue progresse avec lenteur — mais c’est précisément cette temporalité étirée qui confère à l’histoire toute sa profondeur émotionnelle. On s’immerge pleinement dans le quotidien des protagonistes, dans la texture même de leur réalité. La durée des plans, volontairement prolongée, imprime au film une forme de gravité presque tangible, où les gestes les plus anodins prennent une teinte mélancolique.
Si les dialogues se font rares, chaque visage devient un récit à part entière. Les personnages s’expriment avant tout par leurs regards, leurs gestes, leur langage corporel. La réalisatrice, Constance Tsang, ne cherche pas tant à dérouler une intrigue conventionnelle ou à suivre une trajectoire narrative classique. Ce qui l’anime, c’est l’évocation d’un sentiment, la création d’une atmosphère. Elle capte avec justesse et sensibilité la vie d’une communauté migrante rarement représentée au cinéma.
Le film explore avec une justesse touchante les thèmes de la migration, du déracinement, de l’isolement émotionnel et de la quête d’une vie meilleure. Il séduit également sur le plan visuel: la caméra, constamment au plus près des corps et des visages, privilégie l’observation à la mise en scène. Cette retenue confère au film une intimité rare, renforcée par une palette de couleurs douce et onirique, qui évoque l’état d’un rêve éveillé. Chaque plan semble suspendu, presque poétique, nous entraînant progressivement dans une forme de contemplation. Premier long-métrage de Constance Tsang, «Blue Sun Palace» signe un début remarquable — personnel, sensible et audacieux — malgré une lenteur qui, parfois, peut paraître excessive.
Au cinéma depuis le 30 avril.
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