Review4. April 2025 Maxime Maynard 2j223
Critique de «Black Dog», une amitié incongrue au porte du désert 1z3z5k

Lauréat dans la section Un Certain Regard de la 77ᵉ édition du Festival de Cannes, le magnifique «Black Dog» réalisé par le cinéaste chinois Guan Hu, est désormais à découvrir en salle. Une œuvre poétique, sensible et bouleversante à ne pas manquer.
Juin 2008, Chine. À l’approche des Jeux olympiques de Pékin, le pays tout entier connaît une transformation accélérée. Dans les rues, des meutes de chiens, laissés à l’abandon par des propriétaires contraints de déménager, errent sans but. C’est dans ce contexte que Lang (interprété par Eddie Peng), tout juste sorti de prison, revient dans sa ville natale. Pour subsister, il intègre une patrouille chargée de capturer et de limiter une population canine jugée envahissante. Mais bientôt, il se lie d’amitié avec le grand lévrier noir qu’il est censé capturer.
Présenté au Festival de Cannes en 2024, «Black Dog» est de ces œuvres trop rares, façonnées avec une finesse de maître. Porté par le mutisme quasi permanent de son protagoniste, Lang, le long métrage choisit de se dévoiler avec délicatesse, sans jamais forcer sa narration. Et grâce à la photographie magistrale de Gao Weizhe, chaque plan se transforme en une poésie visuelle délicate, captivant subtilement le regard du public.
Splendide et désolé, le désert de Gobi hante chaque recoin du long métrage de ses paysages spectraux. Jusque dans la ville voisine, abandonnée dans l’attente d’une hypothétique restructuration, son aridité se ressent, accentuée par une palette chromatique neutre et obscur. Mais, rapidement, ces décors délabrés et mélancoliques sont prêts à faire ressortir, avec une intensité rare, le moindre éclat de joie, de vie et d’émotion. La connexion entre Lang et le lévrier noir n’en est alors que plus forte, plus radieuse, porteuse d’espoir dans un univers incertain.
Dans le rôle principal, Eddie Peng livre une performance d’une justesse remarquable et illumine l’écran à chaque apparition. Tout en retenu, il s’ouvre progressivement au regard du public, naviguant avec aisance entre la gravité du récit et l’éclat discret des quelques instants de comédie. Élément central du film, la relation entre Lang et le lévrier noir prend une dimension d’autant plus touchante qu’elle repose sur un lien authentique. En effet, au fil du tournage, un véritable attachement s’est noué entre l’acteur et l’animal. Une amitié fictive qui s’incarne dans la réalité lorsque Eddie Peng finit par adopter son partenaire à l’écran. Délicat et poétique, «Black Dog» se savoure.
Au cinéma depuis le 2 avril.
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