Article21. April 2025 Cineman Redaktion 35s6q
La Romandie au cinéma: la Suisse romande vue sur les écrans des autres 735zt

Alors que les paysages États-Uniens sont omniprésents sur les écrans et que des pays comme l’Italie, l’Espagne ou la République tchèque sont fréquemment choisis comme lieux de tournage, qu’en est-il des décors helvétiques ? Plus précisément, quelle place occupent les villes, montagnes et lacs de Suisse romande dans le paysage cinématographique international ?
Aborder la Romandie sous l’angle du cinéma international représente un défi de taille: il faut d’abord dénicher les films. En s’autorisant un raccourci, commençons par l’un des Franco-Suisses les plus connus: le cinéaste de la Nouvelle Vague Jean-Luc Godard, décédé en 2022. Les protagonistes d’«Visages Villages», mais sans réussir à voir son occupant, avec qui elle avait pourtant rendez-vous. Dépitée, elle accroche à la poignée le sachet de croissants frais du matin qu’elle comptait partager avec lui.
Toujours le long du Léman, mais un peu plus à l’est – et gare à quiconque oserait dire «lac de Genève», une offense pour tout Romand qui se respecte, le cinéaste russe Nikita Mikhalkov avait posé ses caméras pour «La rançon de la gloire», avec Benoît Poelvoorde dans le rôle principal. Suivant une histoire vraie, deux compères volent le cercueil de l’acteur contre rançon dans les années 70.
Poursuivant la flânerie, petit arrêt par Lausanne, choisie par Claude Chabrol comme décor pour «Winter Palace», série coproduite par Netflix et tournée en partie dans les Alpes en Valais, et en partie dans les hauts de Montreux, dans le canton de Vaud. Si le jeune André Morel se veut visionnaire, les villageois locaux en revanche sont dépeints comme bornés et peu ouverts au progrès.
Par la grâce d’un raccourci, un petit age par les cantons bilingues permet d’ajouter au palmarès «Goldfinger» (1964), quand James Bond doit négocier sec les virages en épingle à cheveux au bucolique col de la Furka, qui relie le Valais à Uri. On y aperçoit le très instagrammable hôtel Belvédère, depuis longtemps fermé. Le vénérable bâtiment figure par ailleurs en couverture du livre «Accidentally Wes Anderson», même s’il n’apparaît à proprement parler dans aucun de ses films. Les Alpes romandes ont aussi servi de décor à une myriade de films bollywoodiens, généralement moins connus de ce côté-ci de la frontière.
Si les paysages romands n’ont généralement droit qu’à quelques minutes d’écran, une exception se distingue cependant: la comédie franco-suisse «Bienvenue en Suisse», sortie en 2004. Un Romand, Parisien d’adoption, doit retourner dans sa famille pour des obsèques. Problème: s’il veut hériter, il doit prouver qu’il a bien renoué avec ses valeurs helvétiques. Fromage, quart d’heure vaudois, abandon nonchalant de déchets sur le trottoir: tous les clichés y ent, brossant le portrait de Romands ennuyeux, rigides et ponctuels face à des Français complètement indisciplinés.
Siège de l’Organisation des Nations Unies et du CERN, le centre européen de recherche nucléaire, Genève offre des emplacements de choix pour des complots de toutes sortes. Certaines scènes d'«Anges et Démons», film adapté du best-seller de Dan Brown sorti en 2009, se déroulent au CERN, tout comme Les Particules, long métrage franco-suisse sorti dix ans plus tard. L’ONU sert de décor à des images de «Le Loup de Wall Street» (2013), Jordan Belfort (Leonardo diCaprio) prend ses aises sur fond de l’iconique jet d’eau, une vue en réalité impossible, recréée de toute pièce par ordinateur.
Dans leur écrasante majorité, les apparitions de la Suisse romande à l’écran répondent nettement plus à la question du «pourquoi» que du «comment». La Romandie est choisie pour la beauté de ses paysages ou pour ses endroits iconiques, comme l’ONU ou le CERN à Genève. «La rançon de la gloire» mis à part, rares sont en effet les films à s’attarder sur les mœurs locales. Pour cela, c’est vers le cinéma national qu’il faut se tourner. Mais même si elle y est discrète, la Romandie est bien présente sur grand écran, en quelques secondes d’images vraies ou reconstituées. Lors d’une exposition organisée en 2021 intitulée «Genève, ça tourne» dans la ville du bout du lac, pas moins de 150 longs-métrages du monde entier, Suisse y compris, montrant ou évoquant Genève, avaient été répertoriés. De quoi remplir longtemps ses prochaines soirées.
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