Critique30. März 2025 Cineman Redaktion 6z2b12
Critique de «La Cache», fragments de mémoire dans une ruche animée 2l5355

Adapté du roman éponyme, «La Cache» observe l’activité bourdonnante de la famille Boltanski, quatre générations qui vivent sous le même toit rue Grenelle, à Paris. De l’antisémitisme des années 30 aux pavés de Mai 68, le récit déroule sa bobine en polychromie sous l’œil d’un Godard encensé.
Adulte, Christophe Boltanski se souvient: coincé au milieu de ses oncles, son arrière-grand-mère et ses grands-parents dans leur appartement parisien, il avait 6 ans quand ont éclaté les émeutes de Mai 68 Intrigué par la présence d’un chat qu’il pense réfugié sous l’escalier, le petit garçon (Ethan Chimienti) découvre peu à peu l’histoire de sa famille, des quartiers juifs d’Odessa, d’où est originaire l’aïeule, aux persécutions subies par son grand-père (Michel Blanc, dont c’est le dernier film) qui avait dû se cacher pendant le régime de Vichy.
Des barres de HLM de «Deux ou trois choses que je sais d'elle» aux arrière-plans monochromes de «Made in U.S.A.», en ant par la file de voitures immobilisées chaotique de « Weekend » ou la célébrissime réplique de Jean Seberg «c’est quoi dégueulasse?» dans le non moins connu «A bout de souffle», Lionel Baier sème du Godard aux quatre coins de l’écran. Foisonnant, son récit change de couleur ici et là, une manière d’épingler les images, tel un photogramme de View-Master, jouet rouge vif permettant de visionner des images 3D en stéréoscope sur un disque en carton.
La vedette, centre névralgique de l’histoire, c’est la famille Boltanski, personnages hauts en couleur qui cohabitent dans le joyeux chaos de l’appartement des parents. Lieu-refuge où s’échangent des conversations animées – parfois un peu trop, au grand dam des voisins bourgeois, dont le père est joué par Baier lui-même, l’appartement, protégé du monde extérieur par de lourdes portes en bois qui séparent la cour de la rue, laisse filtrer les cris de la cohue du dehors, quelques volutes de fumigènes ou les éclats de pétards qui explosent pendant les émeutes de Mai 68
C’est grâce à la cache sous les escaliers qu’a pu survivre Père-Grand, médecin de famille pragmatique, un peu timide et soutien numéro un de son épouse, qui change de nom au gré de ses différentes activités. Atteinte de poliomyélite, le pied attaché à l’embrayage de sa Citroën DS rouge, la grand-mère (Dominique Reymond), militante communiste issue d’une famille bourgeoise, s’attelle à rapporter la parole des moins bien lotis, souvent interviewés en coup de vent dans sa voiture. age en revue d’une galerie de personnages hauts en couleurs qui verront débarquer un certain général français, le récit, s’il part un peu dans tous les sens, dépeint ses protagonistes avec humour et empathie.
Au cinéma depuis le 26 mars.
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