Critique24. Dezember 2024 Cineman Redaktion 4z4k1t
Critique de «Planète B», un thriller dystopique oppressant k5369

Avec son nouveau long métrage, montré à la Mostra de Venise puis au GIFF à Genève, Aude Léa Rapin fait une proposition audacieuse et inhabituelle dans le paysage du cinéma français.
(Un texte de Marine Guillain)
Grenoble, 2039. La ville est à feu et à sang, proche de l’apocalypse. Des écolos activistes traqués sans relâche par le gouvernement ont pris les armes pour lutter. Une nuit, Julia (Adèle Exarchopoulos) est en mission avec le jeune Eloi (Paul Beaurepaire) lorsque tous deux se font surprendre par des CRS. Trou noir. Julia se réveille dans un hôtel isolé avec piscine et palmiers perché sur un rocher en bord de mer. Décor à première vue paradisiaque, il s’agit en réalité d’une prison virtuelle, appelée Planète B.
Elle y retrouve Eloi et une poignée d’autres activistes prisonniers, ou plus précisément leurs avatars. La nuit, ils sont torturés par des visions cauchemardesques afin de les pousser à dénoncer leurs complices. De son côté, Nour (la Genevoise Souheila Yacoub, aussi à l’affiche des «Femmes au balcon» de Noémie Merlant) travaille comme femme de ménage sur une base militaire. Fauchée, elle vole un casque pour le revendre, mais en l’essayant, elle se retrouve sur Planète B face à Julia…
Thriller horrifique, politique et dystopique, «Planète B» est de ces films que l’on voit peu dans le paysage cinématographique hexagonal. Pourvu d’un budget tout autre que ceux dont bénéficient les super-productions hollywoodiennes, il remplit totalement sa mission: interroger les dérives de nos sociétés actuelles en y mêlant les thématiques de la migration et de l’écoterrorisme, dans un univers de science-fiction apocalyptique très noir, au suspense haletant. Les effets visuels fonctionnent et la singularité de l’univers d’Aude Léa Rapin embarque le public dans ses entrailles, situées quelque part entre les blockbusters de SF américains et le petit film de genre. Le fait que le long métrage fasse la part belle aux héroïnes et que l’équipe artistique soit largement constituée de femmes le sort d’autant plus des cadres et des normes.
«Nous voulions camper une société fracturée socialement, plus violente et appauvrie, dans laquelle subsiste une survie alternative qui s’en sort par la débrouille», explique Aude Léa Rapin. Bien qu’il ne soit pas entièrement abouti, «Planète B» questionne les enjeux de liberté, d’isolement, d’aliénation et de résistance, ainsi que le pouvoir de la solidarité, mêlant réflexion sociale et tension psychologique oppressante. Une expérience finalement aussi intense qu’originale.
«Planète B» est à découvrir au cinéma à partir du 25 décembre.
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