Critique25. April 2025 Maxime Maynard 3y5y3b
«Deux soeurs», une tragédie sociale magistrale signée Mike Leigh 4m1eq

Sept ans après «Peterloo», le réalisateur britannique Mike Leigh fait son retour sur les écrans avec un portrait sans concession d’une famille afro-britannique. «Deux sœurs» est un film puissant et émouvant, ancré dans une réalité sociale et psychologique profonde.
Pansy (Marianne Jean-Baptiste) vit au jour le jour, rongée par une colère sourde et un profond mal-être. Mère de famille, elle déverse son hostilité sur son fils, Moses (Tuwaine Barrett), et son mari, Curtley (David Webber). Sa sœur Chantelle (Michele Austin), elle, est tout le contraire. Optimiste et joyeuse, elle travaille dans un salon de coiffure et élève seule ses filles. À l’occasion de la fête des Mères, les deux familles se retrouvent et les tensions s’affûtent.
Par la finesse de son écriture et la puissance de son interprétation, «Deux sœurs» séduit. À travers cette exploration pénétrante de l’âme humaine, Mike Leigh livre un drame poignant, une réflexion bouleversante sur la solitude et le besoin de connexion. En douceur, il développe son récit, optant pour une lenteur assumée qui renforce la gravité de son propos et place les spectatrices et les spectateurs au cœur d’instants suspendus, presque volés.

Dans le rôle de Pansy, Marianne Jean-Baptiste livre une performance d’une intensité remarquable. Avec une finesse rare, elle incarne l’un des personnages les plus antipathiques jamais portés à l’écran, tout en révélant, en filigrane, une profonde sensibilité. Derrière ses reproches incessants transparaît alors une détresse émotionnelle saisissante — évocation bouleversante d’une dépression jamais explicitement nommée.
En contraste, le salon de coiffure de la sœur, Chantelle, apparaît comme un lieu de convivialité et de vitalité. Ce contrepoint lumineux insuffle au récit une dynamique dramatique constante et un équilibre émotionnel d’une grande subtilité. «Deux sœurs» s’avère parfois difficile à regarder, tant l’animosité latente semble se diff insidieusement dans chaque recoin de l’écran. Pourtant, le film laisse entrevoir quelques lueurs d’espoir et livre un récit bouleversant et époustouflant, irablement maîtrisé.
Au cinéma depuis le 23 avril.
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