Critique19. April 2025 Maxime Maynard 716k7

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«Ernest Cole, photographe», un portrait vibrant et intime
© 2025 trigon-film

Réalisé par Raoul Peck, nommé à l’Oscar du meilleur documentaire en 2017 pour «I Am Not Your Negro», «Ernest Cole, photographe» retrace le parcours bouleversant d’un artiste majeur, témoin implacable de l’apartheid.

Né le 21 mars 1940 à Eersterust, Ernest Cole devient le premier photographe noir freelance dans l’Afrique du Sud ségrégationniste. À travers l’objectif de son appareil, il documente avec force et humanité la brutalité du régime. Mais son travail, jugé subversif, le pousse à l’exil. Contraint de s’installer aux États-Unis, Cole y poursuit sa mission, capturant la vie de la population afro-américaine. Pourtant, le mal du pays le ronge profondément.

Vainqueur de l’Œil d’or du meilleur documentaire au Festival de Cannes et présenté lors de la dernière édition du ZFF, «Ernest Cole, photographe» tire sa richesse de plus de 60 000 photographies retrouvées dans un coffre de banque en Suède. Ce trésor oublié constitue le cœur visuel du film. À l’écran, l’image reste souvent fixe, mais s’anime auditivement grâce à un montage sonore immersif. Chaque cliché devient un instant suspendu, propice à la contemplation.

«Ernest Cole, photographe», un portrait vibrant et intime
«Ernest Cole, photographe» © 2025 trigon-film

La structure du documentaire, bien que parfois chaotique, n’en demeure pas moins intrigante. Portée par le savoir-faire du cinéaste Raoul Peck, elle dresse le portrait profondément humain d’un artiste tourmenté, exilé loin de son peuple, mais jamais détaché de sa mission. Le film navigue entre les époques, de New York à l’Afrique du Sud, alternant entretiens de spécialistes et témoignages de proches d’Ernest Cole.

L’acteur Lakeith Stanfield prête sa voix au souvenir de l’artiste. En hors-champ, il narre les images et leur insuffle une vie intérieure poignante. Sans chercher à imiter les tonalités de son modèle, il incarne une conscience intime: celle d’un homme brisé par l’exil, à la gorge souvent serrée par l’émotion. Une présence qui ne fait que renforcer le sentiment d’intimité et de proximité avec le protagoniste.

Loin de se contenter de célébrer l’œuvre de son sujet, «Ernest Cole, photographe» lui redonne sa juste place : celle d’un témoin de son temps, habité par un irrépressible besoin de vérité. Un documentaire à ne pas manquer!

Au cinéma depuis le 16 avril.

Plus d’informations sur «Ernest Cole, photographe»

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