Critique8. Mai 2025 Cineman Redaktion 5wr1s
«Home is the Ocean», un foyer sur les flots 656z5x

La réalisatrice saint-galloise Livia Vonaesch a accompagné pendant plusieurs années la famille suisse Schwörer, une tribu hors du commun engagée en faveur de la protection du climat. À bord de leur voilier, ils sillonnent les mers, portés par un idéal de durabilité. Grâce à des images saisissantes, le film brosse un portrait touchant de cette famille nomade, tout en retenue, sans jamais forcer le trait critique.
De Sarah Stutte adapté de l'allemand
Depuis plus de vingt ans, les Schwörer vivent à bord du Pachamama, leur voilier. Deux parents et six enfants — nés sur différents continents — partagent un espace de vie restreint, où la notion d’intimité devient toute relative. Animés par un engagement écologique profond, ils donnent des conférences, participent à des actions de nettoyage ou collectent des échantillons d’eau pour des projets scientifiques. Mais les violentes tempêtes en mer, ou le désir des enfants les plus âgés de suivre leur propre chemin, les ramènent régulièrement en Suisse.
Sur les mers, parfois dans des conditions extrêmes, Livia Vonaesch suit la famille Schwörer avec une caméra attentive et discrète. Certaines séquences marquent durablement — comme celles où le Pachamama se fraie un chemin lent entre d’imposants blocs de glace, ou dérive, solitaire, sur une mer d’huile. Le film s’ouvre sur des images captées par une GoPro fixée au casque de Selina Schwörer, alors âgée de 13 ans. En pleine nuit, elle prend son quart à la barre. Seuls les craquements du bois rompent le silence, et sa lampe torche n’éclaire qu’un étroit faisceau dans l’obscurité. L’effet est saisissant : on ressent presque physiquement la désorientation, la solitude et l’immensité qui l’entourent.
Plus tard dans le film, la même caméra embarquée est utilisée lorsque le frère de Selina, Andri, escalade le mât pour desserrer une corde coincée. Le regard qu’il porte vers le bas révèle toute la vertigineuse hauteur à laquelle il se trouve, soulignant que ce voyage n’est pas sans danger. L’opinion des parents à ce sujet demeure largement implicite, reléguée dans l’ombre. Lorsque la situation devient critique — comme en pleine tempête — ce sont les prières qui, semble-t-il, sont censées apporter du réconfort. Aussi touchante soit-elle, la représentation de la cohésion familiale aurait sans doute gagné en épaisseur si le documentaire avait adopté un regard plus critique sur le projet de vie de cette famille.
Au cinéma depuis le 7 mai.
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