Interview23. Dezember 2024 Cineman Redaktion l6836

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Rencontre avec Souheila Yacoub : «J’adore jouer dans une autre langue que le français»
© 2024 Praesens Film / Souheila Yacoub dans «Planète B»

C’est durant le festival GIFF à Genève que Cineman a rencontré Souheila Yacoub, à l’affiche cette semaine du film «Planète B», afin de discuter de son actu cinéma et de faire quelques retours sur sa (belle) carrière.

(Propos recueillis et mis en forme par Marine Guillain)

Après s’être glissée dans la peau d’un cam-girl pour «Planète B», d’Aude Léa Rapin (sur les écrans le 25 décembre). Un jour, en essayant un casque de réalité virtuelle, Nour se retrouve face à Julia, une activiste (Adèle Exarchopoulos) prisonnière d’un lieu à priori paradisiaque , maisqui a tout d’un cauchemar…

Cineman : Sur quels lieux s’est déroulé le tournage de «Planète B», thriller de science-fiction horrifique et politique se déroulant en en 2039?

Souheila Yacoub : Pour les scènes dans la prison virtuelle, nous avons tourné sur la Côte d’Azur vers Saint-Raphael. C’était incroyable, il y avait des lumières superbes, on se croyait sur une île. Adèle Exarchopoulos et les autres acteurs qui jouaient les captifs ont é un mois en bord de mer dans ce décor paradisiaque, alors que moi , j'i ensuite tourné à Grenoble et à Lyon avec la pluie et le mauvais temps… C’était un peu moins idyllique! Rien n’a été tourné en studio et tous ces décors qui ont été créés pour le film m’ont beaucoup impressionnée.

Il y a une vraie solidarité entre les personnages dans ce film, surtout entre Nour et Julia…

SY: Oui, je trouve très beau qu’il y ait deux héroïnes dans ce genre de film. Il y a une ambiguïté entre elles, on ne sait pas trop ce qui les aimante ainsi, ni pourquoi Nour va risquer sa vie pour sauver Julia. Dans le chaos du film, cette relation d’amitié, d’amour ou de sororité, je ne sais pas, est belle et réaliste. Je crois que l’élan de solidarité existe lorsqu’il se e des choses politiques importantes, ce n’est pas chacun·e pour soi. Il n’y a qu’à voir ce qu’il se e en et aux États-Unis, nous traversons une période très critique et je crois en cette solidarité de la jeune génération et en la bienveillance dans les moments durs.

Nour parle l’anglais et l’arabe : comment avez-vous abordé cet aspect du personnage?

SY : Je ne parle pas l’arabe alors je l’apprends pour les films quand c’est nécessaire. Mon personnage est inspiré d’un ami de la réalisatrice qui était journaliste en Irak et qui a quitté le pays pour des raisons politiques, à la recherche d’une vie meilleure. Il m’a aidée à me familiariser avec l’arabe irakien, mais aussi à comprendre l’état de survie que traverse Nour.

Et pour l’anglais?

SY : Je joue de plus en plus en anglais, je le maîtrise depuis que j’ai pris la section acting in english au Cours Florent, alors que je ne le parlais pas bien au départ. Ensuite, dans la pièce de théâtre de Wajdi Mouawad, «Tous des oiseaux», je jouais une Américaine, alors je n’ai pas eu le choix! Et puis en Suisse, à Genève en tout cas, nous avons cette richesse d’être entouré·es de plein de langues et j’ai l’impression que ça nous entraîne.

Rencontre avec Souheila Yacoub : «J’adore jouer dans une autre langue que le français»
Souheila Yacoub dans «Planète B» © 2024 Praesens Film

Quelles autres langues maîtrisez-vous?

SY: Le flamand est ma langue maternelle, ma mère me parle encore en flamand et je la comprends très bien, mais je ne sais pas si je serais capable de le parler. Sinon j’ai longtemps parlé l’allemand quand j’étais en équipe nationale de gymnastique, et j’ai aussi appris le bulgare durant six ou sept ans, car nos coachs étaient bulgares et on a dû le parler quand j’étais gymnaste.

Qu’en est-il du chakobsa, la langue des Fremen que vous parlez dans «Dune 2»?

SY: Alors là, c’est une langue qui n'existe pas, mais il y a un vrai alphabet, une structure et une grammaire… c'est impressionnant. Le créateur de la langue était sur le plateau, j’ai été coachée, j’écoutais des audios… c'était un gros travail quotidien. Mais quand j'apprends les langues, que ce soit le kurde ou le chakobsa, ça va très vite et j’adore ça. Au final, je trouve que c’est plus difficile de jouer en français.

Où sera la planète en 2039 selon vous?

SY: C’est proche! Ce sera plus ou moins la même… mais j’espère avec moins de colère et moins de bêtise, même si je sais que ça n’arrivera pas!

Quelle est la chose la plus étonnante qu’on vous ait dite sur un casting?

SY: Il y en a tellement! Une fois, c'était pour un film d’époque. C’est vrai que mon profil mixte belgo-tunisien n’existait pas au 18e siècle et ce sont plutôt des blancs qui font des films d’époque, je comprends, mais on m’avait dit “tu es trop moderne”: c'était une façon élégante de dire “tu es trop typée”! J’avais trouvé ça très drôle, et en plus, je vais tourner un film d’époque en février donc j’ai ma revanche! Une autre fois, un réalisateur m’a dit que s’il me prenait, son film devenait engagé. Il ne voyait pas une femme actrice, mais une femme arabe. On met souvent les gens dans des cases, mais je crois que je suis la preuve que le contraire est possible, je peux jouer des Alice et des Jasmine, je peux faire beaucoup de choses.

Rencontre avec Souheila Yacoub : «J’adore jouer dans une autre langue que le français»
Souheila Yacoub dans «Les femmes au balcon» © 2024 Frenetic Films

En 2022 vous avez joué dans «En corps», de Cédric Klapisch et face à Pio Marmai, qui était votre premier film populaire: comment l’avez-vous vécu?

SY: La comédie m’a toujours fait envie, mais avant ça, c'est vrai que l’on me voyait davantage dans la tragédie, ça doit venir de ma voix grave. Le tournage était génial et c’est la première fois que je n’ai pas eu besoin de pleurer pour un rôle!

Durant la même période, vous avez tourné «Making of», de Cédric Kahn, une autre comédie qui raconte avec humour un tournage de film catastrophe…

SY : Oui, ce tournage a été un moment très joyeux pour moi, alors que le film montre le contraire! Mais nous avons aussi vécu pas mal de couacs, surtout à cause du Covid, tout le monde l’attrapait et il fallait changer le planning et improviser des solutions de dernière minute. Il m’est arrivé de jouer seule sur le plateau avec un contre-champ vide, car tout le monde était malade!

Entre ces tournages et celui du blockbuster américain «Dune 2», ça doit être des expériences très différentes?

SY : Oh oui! Je remercie tous les Dieux du monde d'avoir pu jouer pour ce maître du cinéma qu’est Denis Villeneuve. La logistique n'a rien à voir, il y a quelque chose d'une autre planète! Sur «Dune 2», avec Zendaya, Timothée Chalamet, Austin Butler... Les gens deviennent fous! Il y avait des gardes du corps partout. Parallèlement, la façon de travailler pour les acteurs est la même, je les ai vus se chercher, douter… ce sont des humains.

«Planète B» est à découvrir au cinéma le 25 décembre.

Bande-annonce de «Planète B» 1w3n43

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