Critique18. Mai 2025 Maxime Maynard 4w2e37

«Les Immortels», dans les rues de Bagdad 81q2p

«Les Immortels», dans les rues de Bagdad
© 2025 Cineworx

Après avoir exploré les vies de réfugiés dans «Rotzloch», Maja Tschumi s'envole pour l’Irak. Avec «Les Immortels», la réalisatrice suisse signe un second long métrage documentaire saisissant, à la fois captivant et esthétiquement maîtrisé.

Au lendemain des manifestations antigouvernementales qui ont secoué l’Irak entre 2019 et 2021, Maja Tschumi braque sa caméra sur deux jeunes protagonistes évoluant dans le Bagdad d’aujourd’hui: Milo, une jeune femme contrainte de se travestir pour circuler librement dans l’espace public, et Khalili, un cinéaste amateur prêt à utiliser son art pour illustrer le climat politique de son pays.

À l’écran, dans les journaux ou à la radio, le tumulte constant de l’actualité relègue bien souvent au second plan les destins pris dans le flot de la géopolitique mondiale. Qu’il soit question de réfugiés ou d’événements majeurs affectant un pays, notre regard extérieur tend à tout englober. Dans ses documentaires, la cinéaste bâloise donne corps aux expériences individuelles et devient leur porte-voix. Lauréat du Prix de Soleure et présenté au festival Visions du Réel,«Les Immortels» incarne une humanité bouleversante qui transcende les frontières.

«Les Immortels», dans les rues de Bagdad
Extrait du film «Les Immortels» de Maja Tschumi © 2025 Cineworx

Par sa construction, le film dée le cadre même du simple documentaire. Magnifiquement structuré et découpé en chapitre, il s’accompagne de reconstitutions stylisées qui permettent de montrer à l’écran des instants de vie qu’il aurait été difficile de capturer autrement. Ainsi, l’œuvre flirte avec le cinéma de fiction, et aurait bien pu ne se regarder que comme tel, si ce n’était pour l’intense humanité de ses protagonistes, qui nous ramène constamment à la réalité de leur vécu.

Les images, magnifiquement composées par le directeur de la photographie Silvio Gerber et par Mohammed Al Khalili, l’un des protagonistes du film, accompagnent le récit avec une grande sensibilité. Ensemble, ils réussissent à capter et à sublimer les émotions pour un récit d’espoirs et de rêves brisés. Et ainsi, «Les Immortels» s’affranchit des codes traditionnels du documentaire et offre une œuvre profondément humaine, esthétiquement remarquable et particulièrement bouleversante. Un nouveau joyau du cinéma helvétique à ne pas manquer.

Au cinéma depuis le 14 mai.

Plus d’informations sur «Les Immortels»

La rédaction de Cineman vous recommande aussi: 2m3o1t

Cet article vous a plu ? 1glp


Commentaires 0 571a6q

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

& Enregistrement