Bergers Canada, 2024 – 113min. 556427

Critique du film s3n37

La transhumance initiatique 1u3l49

Critique du film: Laurine Chiarini

Rêvant de devenir berger, Mathyas laisse derrière lui Montréal et le marketing pour venir s’installer en Provence. Mais les places sont rares et le métier est rude. Au fil des mots, qu’il pose sur son expérience, il découvre une symphonie pastorale au rythme des bêtes et de la nature.

Salaire de misère, crise climatique et gratte-papiers politiques qui produisent des lois à mille lieues des réalités du terrain: le métier de berger, «un sous-homme» dans le monde paysan, est rude. Cela n’empêche pas Mathyas (Félix-Antoine Duval), trentenaire québécois, de quitter son pays et son travail de publicitaire pour venir suivre son idéal d’une vie plus proche de la nature. Un brin naïf, abreuvé de connaissances purement littéraires, c’est rempli de l’enthousiasme des débuts qu’il débarque un beau jour au milieu d’une tablée d’éleveurs durant une foire au bétail en Provence. Tenace, faisant face aux revers sans se démonter, il sera chargé de guider et de s’occuper de centaines de brebis dans des paysages de montagne idylliques.

Il y a les paroles de Mathyas qui, ici et là, commentent son initiation. Couchés sur le papier, ses écrits, journal de son aventure, sont voués à devenir, un jour, un livre sur le pastoralisme. Il y a l’argot des éleveurs, le jargon du métier que l’apprenti berger peine au début à comprendre. Et puis, il y a les jurons des moutons noirs de la profession, qualificatif ô combien ironique pour des éleveurs de brebis, hommes qui déversent sur leurs bêtes des torrents d’insultes à coups de paroles ordurières généralement réservées aux femmes. La voix, c’est aussi la modulation qui permet de faire se déplacer les moutons «comme une masse d’eau liquide», de rappeler son chien, compagnon indispensable et infatigable du berger et de ses centaines de brebis.

L’adjectif «pastoralis» signifie en latin «de berger» ou «champêtre». Par extension, il évoque le sens de bucolique, une certaine idée de la nature et d’une façon de vivre en harmonie avec elle. C’est cet idéal qui, solidement vissé dans l’esprit de Mathyas, le fait avancer. «Tes brebis, tu dois les détester si tu veux qu’elles t’obéissent», lui expliquer Mohamed, berger soixantenaire marocain qui initie le jeune homme aux rudiments du métier. Mais Mathyas n’est pas d’accord: les brebis, il les aime, et a à cœur de bien s’en occuper. D’abord observateur, sans trop oser s’affirmer, il envoie tout promener le jour où son second patron, furieux contre un petit groupe de béliers qu’il juge «inefficaces», décide de leur foncer dessus au volant de son puissant pick-up.

Le gardien de troupeau n’est pas seul: il peut compter sur Elise (Guilaine Londez), éleveuse, recherche un couple pour mener ses 827 brebis en estivage, sur les pâturages de montagne. Tourné dans de véritables décors, avec des milliers de bêtes en mouvement, aussi fascinants que des volutes d’oiseaux dans le ciel, le film rend hommage à une activité aussi ancienne que l’humanité. Il plonge dans une temporalité immémoriale, au cœur de paysages à couper le souffle, sans esquiver les enjeux qui, aujourd’hui plus que jamais, font planer de lourds nuages sur la profession.

09.04.2025

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CineFiliK 5y3p7

il y a 14 jours

“Transhumances”

Après avoir tout quitté au Québec, Mathyas se retrouve en Provence avec la ferme volonté de devenir berger.

Son métier dans la publicité lui « lève le cœur », comme on dit là-bas. Ce qu’il recherche aujourd’hui, c’est une expérience existentielle marquée par un retour aux sources. Mais le pastoralisme ne s’improvise pas, nécessitant apprentissage, sacerdoce et ion.

Comme les vieux de la profession, il y a de quoi se moquer gentiment de cet idéaliste accentué qui souhaite écrire sur son nouveau choix de vie. Pourtant Mathyas n’a pas quitté la ville sur un coup de tête. L’air de Montréal devenait littéralement irrespirable. Aller au bout de son pèlerinage s’avère essentiel pour celui qui hume les livres et les besaces en cuir. Quitte à traverser l’enfer pour atteindre les sommets du paradis.

Dans un premier mas où la brebis n’est guère respectée, traitée de « pute » ou de « salope » par des propriétaires à bout, à la limite de la caricature, même le soleil devient violent. Le candide pleure le silence de l’agneau, mais se régale d’un bon gigot. Lui dont le profil avantageux imprègne la montagne, dans un très beau fondu enchaîné initial, trouvera le bonheur sur les hauteurs. Photogénique, le flot des troupeaux envahit les villages et noie les voitures trop pressées. Accompagné d’une fonctionnaire reconvertie elle aussi, le bâton de berger échappe à une misère sexuelle énoncée. Au milieu des bêtes, le couple s’ébat dans son éden, aussi grandiose que les paysages de Friedrich. Mais au temps du loup, la nature reprend ses droits et remet l’homme à sa place.

Adapté d’un récit autobiographique, ce bel ouvrage n’est pas qu’une carte postale cherchant à glorifier la réalité et corriger les urbains. Dans ses élans lyriques, il rappelle que la transhumance n’est pas que de la poésie, mais avant tout de l’herbe.

(7/10)Voir plus

Dernière modification il y a 12 jours


mandla 1p381w

il y a 1 mois

Ce film, malgré une réalisation visuellement soignée, tombe dans le piège des clichés et du surjeu. L’acteur principal exagère son rôle, et la violence — tant dans les scènes brutales envers les animaux que dans les ages sexistes — rend le tout indigeste et éloigné de la réalité de la vie d’un berger. Finalement, j’ai été tellement dégoûtée par ces excès que je suis sortie 10 minutes avant la fin.Voir plus


mandla 1p381w

il y a 1 mois

Ce film, malgré une réalisation visuellement soignée, tombe dans le piège des clichés et du surjeu. L’acteur principal exagère son rôle, et la violence — tant dans les scènes brutales envers les animaux que dans les ages sexistes — rend le tout indigeste et éloigné de la réalité de la vie d’un berger. Finalement, j’ai été tellement dégoûtée par ces excès que je suis sortie 10 minutes avant la fin.Voir plus


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