“Les saisons”

Là-haut sur la montagne, l’hiver 44 ramène dans le village italien de Vermiglio, le neveu soldat, accompagné d’un autre déserteur.

Il faut compter les nombreuses têtes qui déent des couvertures sous lesquelles les corps s’emboîtent habilement pour retrouver chaleur et réconfort. Trois filles et quatre garçons aux âges multiples et indécis, plus un poupon qui se réveille dans la chambre des parents. Autour du patriarche instituteur, la famille Graziadei est réunie le temps de quatre saisons, pour le meilleur et pour le pire.

« Ceux qui reviennent de la guerre, reviennent avec des secrets, comme si on avait coupé leur langue ». Le silence règne dans les paysages grandioses du Trentin-Haut-Adige et les vérités se taisent ou se chuchotent discrètement sur l’oreiller. Il y a celle qui se cache sous la table pour écouter ce qui nourrit l’âme du père. Celle qui dans le « caca des poules » se punit de s’être touchée jusqu’au plaisir. Celle dont le cœur bat sur un billet doux et dissimule un ventre déjà rond. Et celui qui aurait dû dire non. Le froid, la honte, l’amour et la trahison rendent les joues vermeilles.

Avec délicatesse et poésie, Maura Delpero décrit la douce dureté de ce lieu retiré, loin de toute modernité. Une chanson exprime la mort d’un nourrisson, quand l’analyse lyrique de Vivaldi ouvre des petits yeux ébahis. Et cette cigarette partagée par le montage qui rapproche deux personnages. Dans ce clan aux liens serrés, mais à la structure rigide, épouse, mère et filles subissent l’autorité masculine. Avec pour horizon, l’instruction pour la plus chanceuse, le travail ou le couvent pour les autres. Toutes, au final, laisseront un lit vide. La neige avait fait place au printemps, avant que le soleil estival ne s’efface pour l’automne, en espérant la paix.

(8/10)… Voir plus

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