Babygirl Pays-Bas, Etats-Unis 2024 – 116min. f1va
Critique du film s3n37
Le thriller érotique qui fait grincer le Lido 714050

Rares sont les stars hollywoodiennes à se lancer avec autant d'enthousiasme et de courage dans des rôles aussi complexes que Nicole Kidman. Dans «Babygirl», elle explore une aventure extraconjugale avec un stagiaire à la recherche de l'orgasme. Lumière sur «Babygirl» présenté à la 81e Mostra de Venise.
Les récits de femmes ayant une relation avec des hommes plus jeunes, et qui explorent la force inhérente à ces liaisons secrètes, trouvent aujourd'hui une tribune dans les pages du cinéma contemporain. À l'occasion de la 81e Mostra de Venise, après la série «Disclaimer» d'Alfonso Cuarón avec Cate Blanchett, le film «Babygirl» aborde à son tour des thématiques similaires. Ce film marque la première participation de la réalisatrice néerlandaise Halina Reijn en compétition officielle. Nicole Kidman y interprète la PDG d'une entreprise de robotique, qui, malgré son épanouissement professionnel, familial et marital (Antonio Banderas), entame une exploration de ses fantasmes avec un stagiaire (Harris Dickinson).
Avec «Babygirl», la cinéaste Halina Reijn, qui a commencé sa carrière en tant qu'actrice avant de réaliser «Instinct» (2019) (un film sur la relation entre une thérapeute en prison et un violeur en série) ou encore «Bodies Bodies Bodies» (2022), s'intéresse moins aux questions éthiques ou légales de cette relation qu'aux dynamiques de pouvoir entre domination et soumission. Thriller érotique, hommage au plaisir féminin, «Babygirl» se fait aussi le miroir des conséquences auxquelles une femme s'expose lorsqu'elle suit ses désirs intimes et en marge des conventions sociales.
Lors de la première projection de presse à Venise, certains journalistes, souvent des hommes italiens, semblaient visiblement dérangés par la remise en question des tabous et la focale sur l'orgasme féminin. Qu'à cela ne tienne, Nicole Kidman («Eyes Wide Shut») s'épanouit une fois de plus dans l'exploration des émotions complexes à l'écran. Le film profite aussi d'une écriture teintée humour qui fait de «Babygirl» une œuvre étonnamment divertissante. Enfin, dans leurs rôles inattendus et fort de leur relation avec la protagoniste, Dickinson et Banderas s'y révèlent à leurs tours excellents.
(Mostra 2024, traduit de l'allemand)
Votre note y2q30
CommentairesPlus 5o2z6s
“La chienne aboie”
Romy a tout pour être heureuse. Un époux aimant, deux filles épanouies et un poste de directrice dans une grande entreprise new-yorkaise. Mais elle n’est pas satisfaite. Serait-elle prête à tout sacrifier pour Samuel, le nouveau stagiaire ?
Les logos des multiples sociétés productrices n’ont pas encore disparu qu’un souffle saccadé se fait déjà entendre. Dominés par la caméra, Romy et son mari Jacob sont surpris en plein ébat, tendant jusqu’à l’orgasme. Simulation calculée pour elle, obligée de se finir en cachette sur la moquette du bureau, à l’aide d’un porno. Car la belle de jour ne se contente pas du classique. Et c’est en voyant dans la rue Samuel maîtriser un molosse avec un biscuit que naît la révélation. Son fantasme inavouable sera de se mettre à quatre pattes, renifler son entrejambe, lécher sa main et goûter sa friandise. Chienne de vie.
Le film est censé sentir le soufre et le foutre, vendu comme un mélange de provocation sensuelle. Mais ce sont les rires et la gêne qu’il attise dans la salle. Entre un latin lover trompé cherchant réponse dans la Bible et une fille lesbienne affirmée, les personnages devenus parodiques définissent maladroitement le consentement et le désir féminin. S’agenouiller devant un homme peut-il er aujourd’hui pour une forme d’émancipation ? Est-ce une jouissance innée ou dictée une fois de plus par les leçons patriarcales ? Quand on apprend sans coup férir que l’héroïne a été élevée dans une secte, il n’y a plus l’ombre d’un doute. Las, Romy et Samuel ont l’air de deux adolescents mal à l’aise qui jouent au docteur autour d’un verre de lait. Malgré la différence d’âge et leur rapport hiérarchique, cette relation sadomasochiste s’avère plus bourgeoise que sale. Sur le sujet, Lars von Trier, le radical, contraignait la « nymphomaniaque » Charlotte Gainsbourg à quitter sa famille le jour de Noël pour jouir sous les coups d’un fouet. Ici le Requiem de Mozart résonne, juge et condamne la « Babygirl » à redevenir l’épouse modèle qu’elle était depuis toujours.
Demeure Nicole Kidman. Face à son partenaire sans filtre, mannequin H&M de 30 ans de moins, l’actrice starifiée se donne. Son corps de Barbie aux jambes interminables semble irréel, quand son visage figé par le botox empêche toute émotion naturelle : « Tu as l’air d’un poisson mort » lui jette à la figure son aînée. Malgré ses grands yeux ouverts injectés de larmes et de sang, elle a tout d’une automate. Quoi de plus normal pour son personnage dont le travail est de robotiser le monde de l’entreprise. Son audace rappelle la mise à nu récente de Demi Moore, avec moins de substance. La bergère australienne aboie de plaisir, la caravane e, mais ne s’arrête pas.
(4.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 3 mois
Aïe !!! J'imagine que les deux acteurs principaux ont besoin de manger pour avoir tourné un tel film. On sent que Kidman a probablement dû imposer les cadrages car tout y est fait pour, et ce film ne révèle pas son talent d'actrice. Quant à Banderas, il est juste à la hauteur de ce qu'on lui demande. Sinon le scénario est d'une banalité et pas du tout à la hauteur d'un LIAISON FATALE de 1987. Ce film est presque trop long. (G-20.01.25)… Voir plus
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
& Enregistrement